- 7 juin 2023
- Envoyé par : Sami
- Catégorie: Les chroniques de Rami (2022)
Après la péripétie de l’épisode Roissy, rien de particulier à signaler pour notre vol en direction de Amman en Jordanie, on taira la manière dont Karim s’est endormi :).
Une fois à l’aéroport d’Amman, les agents vérifient nos visas et nos vaccins covid, enfin, si on appelle ça vérifier :
Vient le tour de Sami : ils ne le calculent même pas.
Vient mon tour : je n’ai même pas le temps de sortir mon attestation qu’ils me font passer.
Vient le tour de Karim : ils scrutent son document dans les moindres détails.
Inutile d’essayer d’y comprendre quelque chose, tous ceux qui ont voyagé dans les parages savent que ces situations sont tout à fait normales.
Ensuite, on a juste le temps de prier, rejoindre notre porte d’embarquement et attendre notre vol pour Médine.
Devant notre porte d’embarquement avec Sami qui ne cesse d’oublier de retirer son masque 🙂
Arrivée à Médine et retrouvailles avec Mohamed
Comme pour le vol précédent, R.A.S si ce n’est que l’excitation monte de plus en plus. En-fin, elle est bientôt là, toute proche… 🙂
Une fois atterris, Mohamed est venu nous récupérer pour nous déposer à l’hôtel, et là, on doit marquer une pause pour vous expliquer qui est Mohamed :
Lors d’une Omra Ramadan 2016, je suis devant la Kaaba avec des frères, puis j’entends une voix dire : « Des français ! Ça fait plaisir ! »
Je me retourne et je vois un frère tout sourire se diriger vers nous. Il s’appelle Mohamed, il me dit qu’il s’est expatrié à Riyad dans le cadre de son travail. On se sépare après quelques minutes d’un échange très sympathique en se souhaitant bon courage pour la suite.
Un an plus tard, j’intègre une O.N.G qui oeuvre à l’international en faveur des démunis. Une semaine après mon arrivée, le président me demande d’analyser un document, un projet numérique en partenariat avec une société. Mouais ok, j’ai pas plus d’informations que ça. J’ouvre le document, et là je vois quoi ? Qui est le partenaire en question ? : Mohamed 😨.
Lui et moi étions sciés. Finalement, le partenariat n’a pas abouti et nous nous sommes perdus de vue.
L’année dernière, en 2021 donc, on envisage d’acheter des parfums en Arabie saoudite avec Sami. Problème : faire une ‘Omra est à ce moment-là est impossible à cause de la situation sanitaire, aucune possibilité d’envoyer un pèlerin nous les acheter.
Le SEUL moyen est de trouver un résident qui nous les envoie par voie postale.
Sami me dit :
Lui : T’inquiète, j’ai un contact sur place, y’a moyen de lui demander de nous les prendre.
Moi : Ok ok super.
Lui : Il s’appelle Mohamed, je le connais depuis pas très longtemps, un frère super gentil 🙂
Moi : Tu me fais penser tiens, moi aussi je connais un frère qui s’appelle Mohamed, un expatrié qui vit à Riyad, il travaille dans le secteur des transports, j’ai même failli travailler avec lui à l’époque. Bref.
Lui : Attends attends, depuis quand TON Mohamed à toi est expat’ à Riyad ?
Moi qui comprends ce qui est en train de se passer : Une dizaine d’années, et le tien ? Attends, me dis pas que son nom de famille est ******* ?
Lui abasourdi : Vas-y, c’est vraiment plus possible, ça n’en finira donc jamais avec toi ??
Moi qui ne trouve plus les mots : 😨😨😨
Le destin est fou, surprenant, époustouflant, fascinant.
Les retrouvailles avec Mohamed 🙂
On arrive à l’hôtel aux alentours de 4h du matin, on est super fatigués, on décide d’aller se coucher pour être en forme le lendemain.
De l’euphorie au coup de blues
Le lendemain, nous sommes allés à la mosquée de Qouba car nous étions Samedi et nous voulions honorer la Sunna du Prophète – ’alayhi salat wa salam – qui s’y rendait chaque Samedi.
On voulait même y aller à pieds en empruntant le chemin piéton, mais on n’avait pas encore évacué la fatigue de la veille et Sami avait toujours mal au mollet.
L’intérieur de la mosquée de Qouba 🙂
Direction ensuite la mosquée du Prophète – ’alayhi salat wa salam – pour prier Dhohr, on était super excités d’y aller d’autant plus qu’avec Karim, on n’y avait plus mis les pieds depuis trois ans, elle nous manque TE-RRI-BLE-MENT.
Il y a un truc que je ne vous ai pas dit, c’est qu’à cause de la situation sanitaire, la Ziyara et l’accès à Rawdha devaient être réservés la veille sur une application mobile locale. Avec une seule visite par jour autorisée.
Des gardes étaient postés à l’entrée de chaque porte pour vérifier les réservations de chacun. Certains tentaient de gruger mais se faisaient immédiatement recaler :).
Bref, on arrive à la mosquée, et là, un truc nous choque instantanément. Je vous poste des photos, on se retrouve plus bas.
Vous avez bien vu, la mosquée est vide, c’est la première fois que je vois l’intérieur de ce lieu sacré aussi peu rempli, on a comme un sentiment d’assister à la fin des temps. Une atmosphère très étrange. Je ne vais pas vous mentir, la vue de ce triste spectacle provoque en moi quelques larmes.
La surprise ne s’arrête pas là, en sortant de la mosquée après le ’Asr, on s’aperçoit que toute la ville est impactée par la pandémie, les commerces sont abandonnés, des hôtels définitivement fermés.
Je suis même allé voir par curiosité un des hôtels dans lequel j’avais séjourné à deux reprises : fermé aussi. Gros coup de blues pour nous.
Je vous laisse constater les dégâts :
D’ailleurs, on a vite compris qu’il y avait une conséquence directe de ce phénomène visuel pas terrible : la hausse des prix.
Plus tôt dans la journée, on est partis acheter des cartes SIM avec 30go d’internet, nous les avons payées – respirez un bon coup – 39 euros chacune.
On est aussi partis faire un tour chez Arabian Oud, les prix ont littéralement doublé. Mon frère avait acheté un certain parfum pour 50 euros en 2019, cette fois-ci, il coûtait plus de 100 euros.
Mais l’achat le plus mdr est celui de Sami : En vue de la Ziyara que nous avons réservée pour le lendemain, Sami voulait absolument acheter un qamis blanc.
PAS MOYEN de trouver un seul magasin de vêtements ouvert dans les parages. Après 45 min de recherche intensive, on trouve ENFIN un magasin ouvert.
Devinez le prix du qamis blanc ? : 45 E U R O S. Rendez-vous bien compte qu’il s’agit d’un qamis qui vaut dans les 15-20 euros habituellement.
Et devinez s’il l’a pris ou non ? Bah bien sûr, quand on aime, on ne compte pas, Allah rétribue toujours quand on investit pour Lui d’une manière ou d’une autre :).
Sinon entre temps, nous sommes allés récupérer la voiture que nous avons louée, une Hyundai Accent – boîte auto bien évidemment, les manuelles n’existent quasiment pas en Arabie saoudite.
Je dois vous dire que ça nous a bien remonté le moral de se dire qu’on va pouvoir explorer Médine comme de vrais locaux :).
D’ailleurs, nous avons effectué notre première excursion en voiture direction… Ouhoud.
Ouhoud, une ambiance toujours aussi solennelle
Un des avantages d’avoir une voiture à disposition : aller où on le souhaite AU MOMENT où on le souhaite. Et le plan aller à Ouhoud en soirée a été validé à l’unanimité :).
Lorsque nous sommes arrivés à destination, le premier truc inhabituel que nous avons fait a été de nous garer au parking comme si de rien n’était, une sensation super agréable et bizarre à la fois lol.
Nous sommes ensuite partis saluer les martyrs de la bataille de Ouhoud, nous nous sommes séparés histoire de nous recueillir en intimité, les saluer, puis d’invoquer en leur faveur… Les mots m’abandonnent, la voix tremble, les yeux s’humidifient… Toujours aussi émouvant de se remémorer les évènements marquants de cette bataille en ayant ses martyrs, dont Hamza, à quelques mètres…
Puisse Allah être satisfait d’eux et nous accorder le privilège d’être ressuscités à leurs côtés.
Mis à part ça, il y avait une super ambiance, un vent doux très agréable, franchement cette visite nocturne à Ouhoud : wouaw, à refaire.
Ouhoud de nuit 🙂
Suite à ce moment for agréable, la nuit tombe et on n’a toujours pas pris le temps de se poser pour manger. On est A-FFA-MÉS :). On trouve un restaurant local afghan sur notre chemin, on y fait halte pour notre premier vrai repas de la journée.
Super ce Biryani, surtout quand vous avez le ventre vide 🙂
Première journée assez mitigée donc, nous sommes super heureux et conscients du privilège d’avoir été invités par Allah dans Ses lieux saints en ces temps difficiles où tout le monde ne peut pas venir.
Et en même temps, voir Médine et ses ruelles vides nous donne un vrai sentiment de tristesse, il nous a fallu deux / trois jours pour vraiment nous y habituer.
Première journée des visites particulières
L’avantage avec la location de la voiture, c’est qu’on peut être flexible et ambitieux quant à notre carnet de voyage. Aller visiter les lieux culturels qui ont régi notre histoire s’est avéré être une évidence pour nous.
Notre programme du jour est prévu de la manière suivante : Effectuer la Ziyara – Aller à Badr en passant par le puits Ar-Rawha – Aller à la mer rouge.
La Ziyara en vitesse X2
Une petite heure après le Fajr, nous nous sommes dirigés vers le chemin menant à la Ziyara que nous avions réservée. Pour le coup, toutes les réservations étaient vérifiées et scrutées à la loupe. Tous les détenteurs de fausses attestations étaient immédiatement recalés. Le chemin menant à la Ziyara ressemblait à ça :
Une fois à l’intérieur, je me sens, comme lors de toutes mes Ziyaras antérieures, ému et pris d’un sentiment d’humilité pour l’hôte de ce lieu et ses deux compagnons, prêts à recevoir nos salutations.
Ceux qu’Allah a élus et qui ont sacrifié ce bas monde et tout ce qu’il contient pour que nous puissions marcher sur leurs pas. Ils sont là, tout proches.
Et là, gros moment de frustration, on a à peine le temps de les saluer qu’on nous demande de partir. J’ai simulé n’avoir rien entendu, mais mon tour de manège n’a duré que quelques secondes tssss. Je n’ai jamais effectué une Ziyara aussi rapidement. Si je pouvais traverser le Sirat aussi rapidement le jour du jugement ? Pouah, je serais refait mdr.
Plus sérieusement, encore une fois, cette atmosphère est vraiment inattendue pour ce début de Omra.
ZamZam : de la théorie à la pratique
Juste après la Ziyara, on est rentrés à l’hôtel se reposer une petite heure pour être en forme pour le reste de journée qui s’annonce chargée.
Pour ma part, je commence à me sentir assez faible avec quelques nausées, en me disant que c’est passager et que ça va passer.
C’est simple, je n’ai pas été une seule fois en Omra ou au Hajj sans tomber malade. Mais il n’y a rien d’étonnant : entre la pollution et les chocs thermiques (45°C en extérieur et 5°C en intérieur), comment ne pas tomber malade ?
Bref, arrivé à l’hôtel, mes nausées s’accentuent, je suis assez indécis quant au fait de les accompagner.
Débute un petit monologue interne : J’y vais ? J’y vais pas ? Si j’y vais, je me connais, avec la voiture et le trajet ça va empirer. Mais si j’y vais pas, je vais rater de sacrés trucs. Et puis je suis venu pour vivre ces moments-là.
Allez, je me fais violence, on avisera.
Je bois du ZamZam avant de sortir pour aller mieux, et on sort (retenez bien ça 🙂 ).
On descend, on sort la voiture du parking, et là :
Moi : Bon les gars, c’est plus possible, je rentre, je vomis un coup et j’arrive. Attendez-moi.
Eux : Sérieux ? Courage mec, on t’attend.
Quand je suis rentré dans notre chambre, il s’est passé un truc qui a fait bondir ma foi de dix étages. Au moment où j’ai vomi – akramakoumoullah – la seule chose qui est sortie de ma gorge, c’est de l’acide. RIEN. D’AUTRE. MIS. À. PART. ÇA.
Vous avez suivi ? Les 150 ml de ZamZam que j’avais bus juste avant n’ont pas été expulsés par mon corps, confirmant ainsi la théorie que nous avons tous apprise il y a de nombreuses années : une fois bue, ZamZam demeure dans le corps du buveur qui ne l’élimine pas.
Quand Allah te fait expérimenter des choses qui sont censées être des miracles, ta foi devient inébranlable à ce moment-là.
Le puits Ar-Rawha
Quand je redescends de la chambre, je me sens beaucoup mieux même si je suis toujours un peu étourdi. Il me faudra deux heures pour être de nouveau à 100%.
Sur la route menant à Badr et après avoir parcouru environ 100 km, on s’arrête pour effectuer notre première visite historique de la journée : Le puits Ar-Rawha, où le Prophète – ’alayhi salat wa salam – s’est arrêté avec ses compagnons avant la bataille de Badr.
Vous êtes toujours autant touchés quand vous vous dites que vous vous trouvez en ce moment même là où vos héros ont marché…
Puisse Allah être satisfait d’eux et nous permettre de marcher réellement et dignement sur leurs pas pour avoir le privilège de les rejoindre là-haut.
D’ailleurs, petite surprise : on avait décidé en amont avec Sami de vous filmer chacun des lieux qu’on avait l’intention de visiter, histoire de partager avec vous notre périple. Je vous laisse visionner notre petit passage dans le secteur :).
Badr : à la rencontre des élus
Après avoir filmé cette petite capsule, on reprend la route pour aller à Badr, plus précisément au cimetière dans lequel sont enterrés les martyrs de cette bataille.
Quand on sait ce que représente la bataille de Badr dans l’histoire musulmane, on ne peut qu’être excité de fouler cet endroit.
Je le sais, je me répète, mais c’est tellement satisfaisant de pouvoir – grâce à notre indépendance – parcourir ces lieux qui représentent notre patrimoine.
L’entrée de Badr
Une fois sur place, on galère comme jamais à trouver le fameux cimetière, même les locaux (qui s’y trouvent peu nombreux) ne savent pas nous renseigner correctement. Il nous faudra près d’une demi heure pour arriver à destination.
Les noms des quatorze martyrs de la bataille de Badr
Un peu comme à Ouhoud, lorsqu’on arrive devant le cimetière, grosse grosse émotion pour nous trois. Nous sommes là où ont été enterrés les quatorze martyrs de la bataille de Badr.
Au moment de lever mes mains pour invoquer en leur faveur, je ne peux m’empêcher de me remémorer cet épisode marquant dans la vie des compagnons, les pleurs du Prophète – ’alayhi salat wa salam – qui ne cessait d’invoquer Allah pour la victoire des musulmans, la manière dont ils ont été secourus, etc. Bref, la petite claque de la journée :).
Après avoir quitté le cimetière, direction la mosquée Al-’Arich.
Pour les explications, RDV avec Sami ci-dessous 🙂
L’épisode Mer Rouge : la déception
Avant notre départ, on se dit qu’on doit absolument aller du côté de la mer rouge et s’y baigner, c’est pas tous les jours qu’on en aura l’occasion.
Après les visites, on prend la voiture (qu’est-ce que j’aime dire ça mdr) pour trouver une plage et s’y reposer. On est super ambiancés de ce petit moment de détente qui nous attend, sauf … sauf qu’en arrivant, on tombe sur ça :
Et là vous vous dites, mais il est où le souci ? C’est MA-GNI-FIQUE.
Le souci, bah il est là :
Un véritable amas de déchets sur plusieurs kilomètres, la vue de ce spectacle nous plombe bien le moral. Après une bonne heure de fouille, on ne trouve pas une seule plage propre …
Aucune baignade envisageable ni plus rien à voir, on rentre à Médine assez déçus.
Arrivés à Médine, on décide d’aller manger et de se faire un vrai repas, jusque-là, on se nourrissait aux sukkaris + du Leben Mara’i (cette marque-là ? Pouah, une tuerie, aucune autre marque n’est meilleure :)).
Bref, on va dans un restau, on commande de la viande de chameau (on ne mange pas de poulet en Arabie saoudite, et pas vraiment de viande non plus), on se cale dans un box familial super agréable, et quand nos plats arrivent, voilà pourquoi on est ambiancés :
Oui Mais… mais comme d’hab, IMPOSSIBLE de rencontrer une situation normale. Je commence à manger, et là j’entends Sami dire :
Lui : Mais attends, c’est pas du poulet ça ?
Moi qui ne veux pas accepter la réalité et qui préfère rester dans le déni tellement j’ai faim : Mais non, tu vois bien qu’au goût c’est pas du poulet. Pas mal cette viande de chameau d’ailleurs, tu devrais goûter.
Moi qui vérifie la facture et qui vois écrit « دجاج » (poulet) : 😳😱😠
Lui : Même pas envie d’aller les voir pour changer l’assiette, les connaissant, ça changera rien.
Moi qui ne veux toujours pas passer à autre chose : 😳😱😠
De nous trois, j’étais celui qui étais le plus frustré tsss. Le pire ? Quelques jours plus tard, on commande une pizza végétarienne à emporter, quand on rentre à l’hôtel et qu’on s’apprête à taper dedans, je vois Sami qui pointe la pizza du doigt et je l’entends dire une phrase qui m’est familière :
« Mais attends, c’est pas du poulet ça ? »
Inutile de commenter quoi que ce soit à ce propos, on est d’accord ? lol.
Sur ce, je vous souhaite à tous une agréable semaine, on se dit à très vite pour la suite inshaAllah :).