- 2 juin 2022
- Posted by: Sami
- Category: Les chroniques de Rami (2022)
[Intro Sami : comment vous dire, parfois il y a des choix dans la vie qui ne nécessitent pas d’être justifiés, ils doivent juste être faits. Lorsque Rami m’a fait part de sa volonté de se joindre à nous pour ce Hajj 2022, lui et moi, savions tous les 2 que c’était lui qui allait reprendre la plume pour nous chroniquer son Hajj 😉]
Assalamou ’alaykoum à tous,
Avant tout, je souhaite remercier Allah de m’avoir honoré en me donnant l’occasion de parler de Lui et Ses rites sacrés.
Je remercie aussi Sami pour la confiance qu’il m’a accordée en me permettant de vous partager nos aventures pour les semaines à venir.
Je m’appelle Rami, j’ai 30 ans, je suis l’aîné d’une fratrie de quatre garçons, marié et papa d’une magnifique petite fille de 3 ans, j’habite à Aix-en-Provence.
Je travaille dans le secteur de la communication pour quelques structures, un milieu dans lequel je suis épanoui al-hamdulillah.
J’ai déjà pu échanger quelques fois avec Linda, la doyenne des chroniqueurs Hajj, et aussi eu la chance de rencontrer Anne-Lise lors du tour de France du Hajj 2019, dans un parc pas loin de chez moi à Aix.
Mesdames, au vu de la qualité de vos récits, maintenir le niveau s’annonce difficile 🙂
Ma rencontre avec Sami
Comme beaucoup d’entre vous, j’ai connu Sami via ses récits autour du Hajj et de la Omra en 2013.
Notre amitié a débuté en 2018, elle s’est consolidée en 2019, et depuis 2020, cette relation est devenue une véritable blague, ou ce qu’on appelle plus communément une chekchouka.
Le temps nous a vite montré la ressemblance de certains traits de nos personnalités, et aussi le partage de plusieurs passions communes, dont les deux principales sont : les parfums rares et peu communs, et les découvertes culinaires à travers le monde.
Deux choses pour lesquelles nous sommes extrêmement sensibles 🙂.
Le genre de relation où, lorsque l’un entame une phrase, l’autre la termine instantanément car il vous connaît sur le bout des doigts, et vice-versa.
Il nous arrive même (très) régulièrement de nous envoyer le même message, au même moment, sur un sujet IM-PRO-BABLE, sans s’être parlés avant.
La fois de trop était celle où, en pleine autoroute, on s’était rendu compte que nous avions rêvé de la même personne et au même moment.
Je vous fais la scène :
Moi : Au fait, hier j’ai rêvé d’untel. Il faisait ça et ça.
Lui : Vas-y, j’en peux plus … c’est plus possible là, je m’en vais on n’a plus rien à faire ensemble
Moi : Quoi encore ???
Lui : J’ai moi aussi rêvé d’untel cette nuit, et il faisait exactement ça et ça.
Moi : C’est moi qui vais me barrer, ciao.
A ce moment, nous étions à l’arrêt total sur l’autoroute (gros embouteillage), il avait vraiment tiré le frein à main puis entrouvert la porte. Les deux frères à l’arrière ne comprenaient absolument rien à ce qu’il venait de se passer mdr.
On ne s’est toujours pas habitués à ces situations, toujours aussi flippant quand ça nous arrive …😳.
Pas un jour ne passe sans que l’un ne prenne des nouvelles de l’autre. Au point où mon épouse me dit lorsqu’elle me voit sourire derrière mon écran : « Ok ok j’ai compris, t’es encore en train de parler avec SAMIA c’est ça ? Bah quoi, c’est bien ta deuxième non ? Et bientôt ta première ?».
Bref, bien qu’il ne soit pas mon frère de sang, il fait partie de ma famille. Ma mère le considère même comme son cinquième fils, et attend chacune de ses venues avec impatience pour lui préparer des plats de chez nous (je suis d’origine irakienne, précisément de Bagdad).
Le genre de plats que ma mère prépare à la venue de Sami 🙂
Parler du Hajj demande de l’honorer
A l’heure où j’écris ces mots (22h56), je suis dans mon salon, et je n’ai pas voulu entamer ce récit sans accomplir mes ablutions.
Pas par sentiment d’obligation, mais par respect pour la sacralité du pilier dont je m’apprête à parler.
Je me suis ensuite parfumé (Oud Ispahan pour les connaisseurs 😉).
J’ai même voulu pousser le bouchon plus loin et m’enfermer dans mon salon avec un léger fond de lumière, mais impossible avec Assia qui pique des sprints de partout mdr (oui je sais, trop naïf d’avoir pensé écrire dans une ambiance aussi solennelle avec une gosse de trois ans tssss).
Plus sérieusement, cette volonté procédurière se justifie du fait que j’ai déjà eu la chance d’effectuer mon premier Hajj en 2018, avec mon épouse, mon Shaykh et quelques amis.
J’ai donc pu goûter à la sacralité et aux saveurs uniques de cette émigration de l’âme vers son Seigneur.
Je ne peux donc pas parler du Hajj de manière aussi anodine en sachant ce qu’il représente.
Vous avez remarqué ? J’ai parlé de voyage de l’âme, alors qu’il s’agit aussi du voyage du corps. Sauf qu’en 2018, on avait tout fait en bus avec mon groupe – sauf le trajet Mouzdalifa / Mina.
Ça aurait été insultant pour toute la team #HajjPiétons si j’avais parlé de voyage du corps dans mon cas lol.
Cette année, je compte faire partie des vôtres inshaAllah
Le Hajj, le voyage vertical vers son Seigneur
Un brin nostalgique et ému, je vous le dis clairement : le Hajj, c’est le voyage de votre vie.
Ce voyage si particulier où nous délaissons absolument tout pour accourir vers l’appel de notre Seigneur : nos époux, nos parents, nos enfants, nos biens, nos passions.
En parlant de délaissement, le Hajj nous donne d’ailleurs un parfait aperçu de la description que nous avons du jour du jugement : une marée humaine dénuée de tout bien matériel, vêtue de blanc, qui ne permet aucune distinction entre le pauvre et le riche, se dirigeant vers une seule et même direction : celle de la rencontre avec Sa Majesté Allah.
C’est le seul évènement au monde capable de réunir plus de deux millions de personnes chaque année à un périmètre bien précis (cette année, le quota est fixé à un million).
Deux millions de personnes qui entendent, puis répondent au adhan d’Ibrahim – ’alayhi salam.
Deux millions de personnes qui viennent des quatre coins du monde, les cheveux ébouriffés, pour pleurer l’absolution de leurs péchés.
Deux millions de personnes, qui au bout de leurs efforts, attendent une récompense promise qui n’est autre que le Paradis.
En somme, deux millions de personnes qu’Allah a élues de par Son amour à leur égard…
Comme nous l’a souvent dit notre Shaykh, Allah nous demande de prier cinq fois par jour car nous avons constamment besoin de recharger nos batteries.
Le Ramadan, nous le jeûnons une fois par an et sa décharge nous suffit jusqu’au Ramadan suivant.
Quant au Hajj, il nous est obligatoire une fois seulement, car sa décharge spirituelle est telle qu’elle nous poursuit tout au long de notre vie…
Les gens qui vous ont parlé du Hajj ont dit vrai : « on peut vous en parler encore et encore, mais tant que vous ne l’avez pas vécu, vous ne pourrez pas comprendre. »
A cette occasion, je demande à Allah de nous faciliter ce voyage unique, et de l’accorder à tous ceux qui n’ont encore pas eu l’occasion d’y aller
Le Hajj, pas une question de moyens
Je vous l’assure, et Sami sait que j’en suis une preuve vivante, c’est Allah qui décide d’inviter les gens que Lui veut inviter, indépendamment de leurs moyens financiers.
Pourquoi je vous parle de ça ? S’il vous plaît, s’il vous faut retenir une seule chose de ces modestes lignes, retenez ceci : aller au Hajj n’est pas une question de moyens, mais d’intention et de désir.
Vous n’avez pas les moyens d’y aller ? On s’arrête donc là ? N’est-ce pas Allah qui détient absolument tous les trésors des cieux et de la terre ?
L’intention est la clé. Et la serrure qui permettra à la clé d’ouvrir la porte, c’est la certitude. La certitude qu’Allah va exaucer nos demandes.
Et Avec Allah, on n’essaie pas, c’est un manque d’estime vis-à-vis de Lui.
Garder une bonne opinion de Lui nous fera toujours marquer des points, comme nous le rappelle ce hadith qudusi :
« Je suis selon l’opinion que Mon serviteur se fait de Moi. »
Nous étions d’ailleurs partis en Omra en Février 2018 avec mon épouse. Juste avant de commencer notre tawaf, je lui avais dit :
Moi : Dans tes dou’as, demande à Allah qu’on revienne ici en Août pour le Hajj.
Elle : Hajj 2018 ?? Hajj 2019 tu veux dire non ??
Moi : Nan, Hajj 2018.
Elle : De quoi tu parles ?? C’est dans six mois, on n’a plus rien, tout est parti pour la Omra.
Moi : Tranquille, c’est Allah qui ramène l’argent. Hajj 2018.
Elle : Ok ok mdr.
Vous connaissez la suite 🙂.
Avant de penser à l’argent, mettez la ferme intention d’y aller, prosternez-vous, demandez-Lui de la manière la plus sincère qui soit, et vous verrez.
Allah fait des miracles, croyez-moi.
Par ailleurs, même lorsque le prix du Hajj doublera, il y aura TOUJOURS autant de monde, indépendamment des crises économiques, du pouvoir d’achat qui ne cesse de baisser, etc.
Bref, vous m’avez compris : l’intention et la certitude 🙂.
N.B : Attention, je ne dis pas qu’il ne faut pas faire le maximum de causes que vous puissiez faire.
Si vous n’avez que 100 ou même 50 euros à mettre de côté chaque mois pour prouver votre envie d’y aller : faites-le.
Ensuite, Allah s’occupera du reste et vous invitera au moment qu’Il jugera le plus opportun pour vous.
L’ironie du destin
C’est marrant, j’ai découvert les récits de Sami en 2013, et ce sont eux qui ont déclenché l’envie en moi de partir en direction des lieux saints.
Deux ans plus tard, j’effectue ma première Omra, et presque dix ans plus tard, je me retrouve de l’autre côté de l’écran, en train de vous écrire à mon tour pour vous parler de mon expérience. Le destin est parfois surprenant…🙂
Avec Sami, on s’est amusés à chercher les premiers échanges qu’on a eus.
Lors d’un article où il récoltait des demandes d’invocations pour le jour de ’Arafa, je lui avais écrit ça :
« J’ai vraiment accroché avec tes récits. J’aimerais que tu demandes à Allah de m’accorder une Omra et un Hajj en ta compagnie. »
La première invocation a été exaucée en Octobre dernier (j’en parlerai lors de la prochaine chronique), la deuxième s’apprête à l’être dans quelques semaines inshaAllah.
L’ironie du destin, encore une fois…
La Omra d’Octobre : retour en arrière
Pour que vous puissiez comprendre le projet du Hajj 2022, je dois revenir en arrière pour vous en raconter les coulisses.
A dire vrai, j’ai l’intention de faire ce Hajj 2022 depuis deux ans, mais avec le covid et les évènements qui ont marqué la planète depuis 2020, ce projet est tombé à l’oubli petit à petit, jusqu’à cette Omra d’octobre 2021.
En septembre 2021, alors que je discute avec Sami, il m’annonce vouloir faire une Omra avec Karim de la team #Hajj2018 et me propose de les accompagner.
Je connaissais déjà Karim à ce moment-là, je l’avais rencontré à Paris une année auparavant, on avait partagé un repas avec Sami et d’autres frères, le courant était super bien passé.
Je suis super excité de sa proposition de Omra pour deux raisons :
1 – Je n’y suis pas retourné depuis trois ans, l’impression d’une éternité…
Ceux qui ont eu la chance d’y aller comprennent ce sentiment, lorsque vous y allez une fois, vous êtes piqués à vie, la Mecque et Médine vous manquent inlassablement et vous ne pensez qu’à y retourner encore et encore.
2 – Je ne sais pas si vous en avez le souvenir, mais faire une Omra était devenu impossible pendant plusieurs mois à cause de la pandémie. Lorsque l’Arabie saoudite a rouvert l’accès à la Omra, ils ont permis uniquement aux détenteurs d’un visa touriste d’y aller.
Nous pouvions, nous français, y aller mais surtout nous étions libres de composer notre séjour comme des grands.
Cette Omra à trois sonnait donc comme une occasion de vivre comme de véritables locaux, louer une voiture, faire notre propre programme, et être complètement indépendants au niveau des dates.
Il me faut moins d’une minute pour accepter sa proposition, mettre l’intention d’accomplir cette Omra, et commencer à planifier les causes pour y aller 🙂.
Quelques jours plus tard, nous sommes décidés : nous partons du 15 au 24 Octobre.
Sami nous suggère vivement de repartir à Médine une deuxième fois après notre Omra pour saluer une dernière fois le Prophète – ’alayhi salat wa salam – avant notre retour en France, nous y adhérons totalement.
Niveau configuration, nous choisissons donc les itinéraires suivants :
- Paris —> Madinah
- Madinah —> Makkah
- Makkah —> Madinah
- Madinah —> Paris
La veille du départ : une excitation à son comble
Pour des raisons logistiques, nous nous sommes donnés RDV la veille à Paris, plus précisément à Cachan, là où habite Karim.
On arrive plus ou moins tous les trois à la même heure devant le RER de Bagneux, super contents de se retrouver. Je salue Karim, puis Sami, et là wow, je le vois boiter.
Moi : Ça va pas ?
Lui : Ah ouais je t’ai pas dit, je me suis déchiré le mollet hier, je sens que je vais avoir besoin de vous pour me pousser en fauteuil pendant les rites.
J’ai envie de dire, les galères et Sami… puis non, je vais rien dire 🙂.
Une fois arrivés à l’hôtel, Karim nous commande deux super burgers gourmets, on est refaits. Toujours là pour être au service des gens, qu’Allah le lui rende au centuple.
Au moment de fermer les yeux, l’excitation prend le dessus, je me remémore toutes ces fois où Allah m’a honoré en m’invitant dans Ses lieux saints, ces moments spéciaux où on a l’impression de ne plus appartenir à ce bas monde.
Je me dis que dans 24h, nous revivrons ces instants et serons aux côtés du Prophète – ’alayhi salat wa salam.
Je m’endors avec ces émotions qui animent mon esprit.
Le lendemain, juste avant d’aller à l’aéroport, on va manger « chez l’indien », un restaurant qui fait des frites maisons épicées comme vous n’en avez JA-MAIS mangées.
La première fois que Sami m’en avait parlé en 2020, j’étais intrigué de les goûter, mais je ne comprenais pas son engouement, il me les vendait comme s’il travaillait pour eux.
C’est quand je les ai goûtées quelques mois plus tard que j’ai compris, elles sont vraiment peu communes. C’est d’ailleurs ce jour-là que j’ai rencontré Karim pour la première fois un an auparavant 🙂.
Les fameuses frites indiennes, moitié fondantes, moitié croustillantes, une tuerie.
Le début des (més)aventures
On arrive à l’aéroport plus de deux heures avant le vol, donc ça va, on est à l’aise niveau timing.
Lorsque Karim nous rejoint à peine deux minutes plus tard, mes yeux louchent sur une boîte pâtissière qu’il a entre les mains. Il nous dit « tenez les gars, c’est pour vous ».
J’ouvre, et je vois trois tartelettes au citron qui viennent d’une boulangerie près de chez lui dont il m’avait déjà parlé.
Il faut savoir un truc : la tarte au citron est notre dessert préféré avec Sami, à la seule différence que j’aime la version meringuée, et lui pas 🙂.
J’étais RE-FAIT ! Je referme la boîte et la range, on se dit qu’on les dégustera juste avant de monter dans l’avion (retenez bien ce détail, c’est important pour la suite mdr).
On s’avance vers notre comptoir d’enregistrement, et on s’aperçoit que la file est étonnamment longue, mais on se fait pas plus de souci que ça.
Lorsque qu’on récupère nos billets, l’agent d’escale nous dit « par contre les gars, speedez un peu, il vous reste 50 min ».
De là, on se dirige vers la salle d’embarquement. Juste avant d’aller à la PAF, On passe tous les 3 au PARAFE, on doit scanner nos passeports. Sami scanne son passeport : ça passe. Karim scanne son passeport : ça passe. Je scanne mon passeport : bah non, y’a rien qui se passe, la porte ne veut pas s’ouvrir. Je réessaie 2/3 fois, pareil. J’ai comme un mauvais pressentiment pour la suite.
Bref, je demande de l’aide à un agent, pareil il n’y arrive pas, du coup il décide quand même de me laisser passer.
Au moment où je vous parle, Sami et Karim ne sont déjà plus dans mon champ de vision.
Un coup de pression XXL
Je me dirige ensuite vers un guichet de la PAF, je donne mon passeport à la policière, et lorsqu’elle regarde son écran, je vois ses yeux changer de forme.
Lorsque je lui demande s’il y a un souci, elle me répond à peine.
J’attends une minute, puis deux, puis trois… toujours en train d’observer son écran.
Plusieurs minutes plus tard, elle se lève de son poste avec mon passeport puis me dit :
« j’arrive, veuillez restez là »
Moi dans ma tête à ce moment-là : wow, il se passe quoi là ??
Je commence à m’imaginer un sacré nombre de films.
Je tourne ma tête vers la gauche, et je vois Karim qui m’attend depuis le début de l’autre côté de la PAF. Je l’appelle et lui explique la situation. On se dit qu’on se retrouve en salle d’embarquement.
15 minutes plus tard, toujours AUCUN signe de mon passeport, j’essaie de garder mon calme tant bien que mal, mais mon corps trahit l’attitude que j’essaie d’adopter et commence à suer bien comme il faut.
Je regarde ma montre, et je me rends compte que notre avion décolle dans 30 minutes, et donc que l’embarquement est sur le point de s’achever. Inutile de vous préciser qu’à ce moment précis, je ne sue plus, je nage littéralement dans la sueur.
Je décide d’aller voir un autre comptoir et demande à l’agent d’appeler sa collègue en urgence pour savoir ce qu’il en est car je risque VRAIMENT de rater mon avion. Lorsque je lui donne cette info, son regard ne me rassure AB-SO-LU-MENT pas. Elle appelle en urgence sa collègue, mais n’arrive pas à la joindre. Elle commence limite à transpirer avec moi. Je me suis senti soutenu le temps d’une seconde mdr.
Le temps défile, encore et toujours aucune nouvelle…
Bref, c’est simple, à ce moment-là, je ne peux strictement plus rien faire dans le monde des causes, je reprends mon calme et décide de complètement confier cette affaire à Allah en me disant qu’il y a une sagesse divine derrière tout ça.
S’Il veut que je fasse cette Omra, je la ferai passeport ou pas.
Je me demande si je n’ai pas été injuste envers quelqu’un, je repense aussi à mes manquements envers Allah, mes fautes… puis j’entame une série de formules de adhkars.
Karim m’appelle dans la foulée en étant moitié paniqué moitié dégouté, et j’entends Sami en fond dire « dis-lui de faire du istighfar».
Je vous rappelle qu’à ce moment-là, je n’ai toujours pas passé la douane et j’apprends par Karim que je dois même prendre un mini train pour rejoindre ma salle d’embarquement.
Et là… qui vois-je arriver au loin ?? Madame l’agent avec mon passeport, en train de marcher en slow motion (limite en 120 images/seconde mdr) pendant que moi je suis dans l’état que vous connaissez.
Elle me regarde sans complexe et me dit :
Elle : Je pense qu’il y a eu une petite erreur. Vous n’habitez pas à Argenteuil ?
Moi : Euh non, j’habite à Aix-en-Provence.
Elle : Ok je vois. On vous a confondu avec un individu recherché par Interpol.
Moi : (Le néant, je n’arrive plus à avoir une once de réaction à ce stade.)
Et là, pour bien m’achever, elle me dit le plus normalement du monde : « Courrez, vous allez rater votre avion. »
Moi dans ma tête : Non sans blague ?
Je prends mon passeport en catastrophe, je me dirige vers le mini train pour passer les portiques de sécurité. Une fois descendu du train, je pique le SPRINT de ma vie, je sens que tout le monde me regarde avec un soupçon de compassion en mode : aïe, lui, il va rater son avion…
La course contre la montre
Une fois arrivé aux portiques, je vois que la file d’attente est quasi vide, ouf, mais…. mais voilà, une galère n’arrive jamais seule, la personne devant moi met une éternité à ranger ses affaires dans le bac.
Je lui dis donc : « Monsieur, je suis vraiment désolé, j’ai un avion dans moins de 5 minutes, je peux passer ? »
Il me laisse passer, je mets mes affaires les plus importantes dans un bac, et un sac « « « sans importance » » » dans un deuxième.
Dès que le premier bac sort, je prends mes affaires, et je reprends mon sprint en laissant délibérément le sac du deuxième bac derrière moi qui n’est toujours pas sorti, je n’ai tellement plus le temps qu’à cet instant, CHAQUE SECONDE compte.
Je cours comme jamais jusqu’à la salle d’embarquement, et là mon téléphone sonne. C’est la Royal Jordanian :
Eux : Allô, vous êtes où ? Vos amis nous ont…
Moi ne la laissant même pas terminer sa phrase : Ne partez pas, je suis là dans deux minutes ! Deux ! Attendez-moi !
Eux : Ok ok, ne vous en faites pas, vos amis nous ont prévenu. Faites votre maximum.
Moi : Pfiou…
Après avoir couru le sprint de ma vie, j’arrive devant ma porte d’embarquement, toute l’équipe de la Royal Jordanian m’y attend avec un sourire non dissimulé.
Je monte dans l’avion, et lorsque j’aperçois Sami, on se regarde en mode : mdr, ça commence.
Il faut savoir qu’il nous arrive TOUJOURS des galères de ce type. Ça nous arrive tellement de fois qu’on se disait souvent avant le départ : « Nous deux ? Voyager ensemble ? C’est trop dangereux, on part pour une Omra, mais si ça se trouve on va finir à Bamako 😨 »
Là pour le coup, ça a failli finir à Roissy tout court mdr. Comme on se le dit souvent entre nous : ça devait se passer autrement ? 🙂
Je reprends mes esprits, je refais le film de cette dernière heure (qui m’a paru être une journée entière) et me demande pourquoi Allah m’a fait passer par cette péripétie. Prêter attention aux signes qu’Allah nous adresse est nécessaire.
A cet instant, je comprends parfaitement le message qu’Il a voulu me transmettre : reçu 5/5, je Le remercie de la manière la plus sincère qui soit pour Sa miséricorde à mon égard, c’est un honneur pour moi.
Nous juste après mon coup de chaud 🙂
Quid des tartes au citron ?
Quasiment juste après m’être assis, j’ai à peine eu le temps de reprendre mes esprits que Sami me dit : « Bon alors ces tartes au citron, elles sont où ? »
Vous vous souvenez lorsque je vous disais que j’avais laissé un sac « « « sans importance » » » à la douane pour gratter quelques secondes par-ci par-là ? Bah ce sac, c’était la boîte pâtissière de Karim mdr.
J’étais tellement ailleurs lors de l’épisode PAF que les tartes étaient vraiment « « « sans importance » » » pour moi à ce moment-là, bien qu’une fois dans l’avion, j’étais super déçu de les avoir laissées…
Sami a eu deux réactions opposées en moins d’une minute.
La première : « Naaaaaan t’abuuuuses, vas-y j’suis deeeeggg. »
Moi dans ma tête : C’est moi ou il est limite plus dégoûté de ne pas manger la tarte au citron qu’heureux que je vienne après avoir failli être recalé à la PAF ?
Lui qui me dit oklm sans pression comprenant ce qu’il y a dans ma tête : « toi je m’en fiche, c’est entre Allah et toi, s’Il t’invite tu viendras, au pire t’allais te débrouiller pour reprendre un avion et nous rejoindre le lendemain tel que je te connais lol. Par contre les tartes au citron, c’est à nous, donc je m’en fiche pas. » (mdr ou pas mdr ?)
La deuxième : « La notion du destin et de la subsistance est folle, elles étaient entre nos mains, mais Allah ne les avait quand même pas prescrites pour nous. »
Moi encore dans ma tête : Vous avez raison, pensez au destin toussa toussa, pas ma faute après tout lol.
Je demande à Allah de m’inscrire dans une démarche sincère, et de faire de ces chroniques une source d’envie et de motivation pour les gens, comme elles l’ont été pour moi il y a plusieurs années.
Sur ce, je vous dis à très vite pour la suite, puisse Allah vous combler de Ses faveurs.
Salamo3alaykom rami je suis très content de pouvoir lire tes récits et comme toujours il y a toujours des anecdotes bouffe lol
En tous cas j’ai hâte de lire la suite et qu’Alla8 te facilite et qu’Alla8 te récompense mon frère Rami et je suis très content de partager cette magnifique expérience avec vous tous si Alla8 le Permet
Ton frère iliass
Assalamou a3laykoum Rami
JazakAllahou kheir.
Ton récit ma fait voyager, frissonner..
Mekka et Médine me manquent tellement Soub7anAllah..
Qu’Allah vous accompagne tout au long de ce voyage inoubliable et inracontable,faut le vivre hada makane.
Anne-Lise et Linda y’a du level
Rami: Ispahan une tuerie
Salam alaykoum Rami ! BarakAllah ouh fik pour cette première chronique ! Y’a pas à dire ça démarre fort, c’est du High Level ! Sami s’était pas trompé quand il l’avait annoncé dans ses récits de Omra “Cette année, et après 2 chroniqueuses talentueuses en 2018 et 2019, ce sera UN chroniqueur, et croyez moi, il vient d’un autre monde le mec…” JE VALIDE !!! Je me souviens de ta venue à notre picnic à Aix en 2019, tu nous avaiS d’ailleurs demandé de te faire dou3a pour le Hajj 2020. Pour revenir à ton récit, il est TOP machAllah.… Lire la suite »
Wa alaykoum assalam Mohamed, Allahi barek fik pour ton message, je me sens honoré et gêné à la fois ☺️. Je me souviens de cet après-midi là, j’avais l’impression de faire partie de votre promo 2019 à ce moment-là. J’avais complètement oublié ma demande de Dou’as, y’a de fortes probabilités que ma présence cette année soit une conséquence de celles-ci 🙂 Tu vas rigoler, mais pour l’épisode d’Abraha c’est exactement ce que Sami m’a sorti oklm pour les tartes au citron. En mode : “ Abdel-Mouttalib pour ses chameaux et moi pour ma tarte au citron”. Bien joué pour la… Lire la suite »
Bravo mon frère Rami pour cette entrée remarquable et détonante, tu annonces le ton dès les premières lignes et tu mets déjà la barre haute pour les futurs chroniqueurs… J’ai bu littéralement tes paroles et me suis laissé transporté à travers ton premier récit…Tu as trois fois raison de parler de migration de l’âme, c’est d’autant plus vrai pour nous qui te lisons derrière notre écran et qui n’auront pas la chance cette année de faire ce voyage par le corps (qu’Allah nous permette d’effectuer ce pèlerinage par notre âme et de répondre à l’Appel d’Allah dans nos vies). Comme… Lire la suite »
As salam Alaykoum BarakAllahou fik pour ce récit qui nous fait voyager. J’espère vraiment qu’on va pouvoir se rencontrer et faire ce voyage ensemble même si on sait que cela s’annonce très difficile cette année encore. Je suis dans le même cas que toi je fais partie du groupe de Sami candidat au Hadj depuis le Hadj 2020. Puisse Dieu nous compter parmi ses invités inchaAllah. Une nouvelle annulation serait difficile à vivre mais on s’en remet à Allah.
Hâte de te rencontrer inchaAllah
Salam alaykoum, ton récit est passionnant même si je comprends le stress que tu as vécu à l’aéroport.
Juste par curiosité sur la photo dans l’avion je reconnais Sami mais toi Rami et Karim (qui est qui) ?
J’ai hâte de lire les prochains récits.
Pour la petite histoire j’ai fait la Omra en décembre 2018 et le Hajj en 2019 avec Sami. C’était la lecture de ses récits qui m’ont permis de franchir le pas surtout pour la Omra…Qu’Allah vous récompense ce que vous faites.